Ou comment s’y mettre, et faire en sorte qu’une idée devienne un livre.
Nous avons toustes une fois tenu un bouquin entre nos mains, par amour de la lecture ou par défaut. Quand nous ne sommes pas dans l’univers de l’écriture créative, il est difficile de se faire une idée de tout le travail qu’il y a derrière deux cents pages reliées, pourtant c’est une tâche considérable. Alors pour cette semaine, penchons-nous sur comment écrire le premier jet d’un livre, édition fiction.
Comme tout projet de création, ça doit partir d’une idée. Qu’elle découle d’une interaction, d’un événement, d’une image, il faut une idée. En règle générale, si vous voulez écrire un livre, c’est parce qu’il y en a une qui vous suit. Elle s’immisce, s’incruste, et se cache dans l’ombre de tous vos faits et gestes. Très bien, elle a besoin de sortir, alors construisez l’environnement idéal pour qu’elle puisse s’épanouir. Certaines personnes diront qu’il faut déterminer dès le début si l’idée est suffisante pour écrire un roman. De mon expérience, il y a un fossé entre la conception de l’idée et l’écriture finale d’un livre, alors mon conseil est de ne pas se cantonner à un genre directement. En fonction de votre inspiration, de votre travail, il peut s’agir d’une nouvelle, d’un recueil, d’un roman. Et si vous êtes friand·e d’autres genres, d’une pièce de théâtre, d’une chanson, même d’un scénario. En écriture, chacun·e pose sa vision, donc tout est possible.
Avec cette idée, il est intéressant de déterminer le but du récit. Montrer la fragilité de la nature, exposer la difficulté de grandir seul, ou simplement faire rêver. Un même livre peut avoir plusieurs visées bien sûr, à vous de choisir lesquelles.
Dans mon procédé, je couche ensuite sur papier tout ce qui me vient en lien avec cette idée. Des scènes, des personnages, des répliques. Même le contenu qui m’inspire. Si je peux regarder un film ou lire un livre qui me permettra de développer des idées c’est toujours bon. Quand j’ai fait tout ça, je peux commencer à voir un univers se créer. Souvent, un·e protagoniste apparait, certaines péripéties se révèlent, et nous obtenons ainsi une première ébauche de plan. Comme je l’ai dit, j’aime écrire mon plan sur papier, mais c’est propre à chacun. Utilisez les outils qui VOUS conviennent. Pour que la création se fasse, vous devez être à l’aise.

La suite ? Elle dépend de votre état d’inspiration. Quelques idées d’événements, mais très peu de worldbuilding ? Établissez votre plan pour tout avoir en dehors de votre tête, et faites vos recherches. En fonction de vos affinités, cette partie du processus peut être plus ou moins douloureuse, et si vous ne savez absolument pas par où commencer, choisissez au hasard un thème de worldbuilding, comme la mythologie, la géographie, l’histoire de l’univers, les religions, les normes sociales…
Si au contraire vous avez beaucoup de worldbuilding et pas la moindre idée de comment faire avancer l’histoire, retranchez-vous sur les structures « traditionnelles » . Une monde, un événement perturbateur, et le monde qui change. Des péripéties, des aléas, le quotidien du ou de la protagoniste bouleversé, et son apprentissage, ses découvertes, pour petit à petit faire monter la tension, jusqu’à son combat final contre l’antagoniste.
Tiens d’ailleurs protagoniste, antagoniste. Pour évoluer et faire avancer une histoire, il faut du conflit, de la tension. Explicite ou pas, c’est là que l’antagoniste intervient. Iel peut être un personnage (Sauron dans le Seigneur des Anneaux) ou pas (les tests des principes de Jane Eyre, Charlotte Brontë). Son but, est de venir challenger le·a héro·ïne pour le·a faire grandir. Les personnages changent, le·a héro·ïne plus que les autres, du moins ça se voit davantage, alors l’antagoniste vient le·a tester régulièrement.
Il est d’ailleurs important de travailler ses personnages, pour savoir où iels vont, où iels veulent aller, et quel développement iels vont suivre. Parfois, c’est même en établissant leur histoire, leur cheminement, que nous pouvons trouver de nouvelles péripéties pour le récit.
Enfin, le plan. Comme tout texte, il faut un plan. Et là, chapitre par chapitre, il est bon de poser les mots sur ce que nous voulons voir se dérouler. Bien sûr, en fonction des projets, des personnalités, vous pouvez passer cette étape. Elle est cependant nécessaire pour maintenir le fil conducteur.
Péripéties, personnages, début, fin, et tout un monde entre les deux. Alors quoi de plus ? Maintenant il faut écrire ! Aller, au boulot, ce premier jet ne va pas s’écrire tout seul.
Et si vous avez besoin de plus d’inspiration, Neil Gaiman (American Gods, The Sandman, Good Omens,…) a une fois tweeté ce conseil pour établir l’intrigue d’un livre : « Écris tout ce qui se passe dans l’histoire, puis dans le deuxième jet faire comme si tu savais ce que tu faisais depuis le début. » (traduit de Twitter by yours truly).