Parce que ce sont les mots qui font les temps, que peut-on dire d’aujourd’hui ?
Mon expérience sur les textes inclusifs
J’ai lu quatre livres en écriture inclusive, rien ne m’a empêché de les comprendre, de les finir, et de les aimer :
De la violence coloniale dans l’espace public de Françoise Vergès et Seumboy Vrainom :€ ;
Corps, Amour, Sexualité y a pas d’âge pour se poser des questions ! de Charline Vermont ;
Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin et Le Langage inclusif : pourquoi, comment d’Éliane Viennot.
Les textes étaient simples et clairs, assez pour que je me pose des questions sur ma façon de m’exprimer. D’où cet article.
Côté Histoire
Rapidement, ce que nous savons : Le XVIIème siècle marque un tournant. Notamment par la création de l’Académie Française en 1635, qui a propulsé la masculinisation de la langue.
Avant : Pas de neutralité de genre, ni dans les titres ni dans les métiers (même pendant la Renaissance), respect rigoureux de la règle de proximité (adjectifs, participes passés et verbes s’accordent en genre et en nombre avec le sujet le plus proche).
Après : Tentatives de supprimer les substantifs féminins (vainqueresse, philosophesse, médecine, peintresse,…), participes présents rendus invariables masculins, rejet de la règle de proximité, instauration du masculin en tant que neutre. En 1767, le grammairien Nicolas Beauzée écrit « le genre masculin est réputé plus noble que le genre féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle ». En 1834 le grammairien Jean-Louis Bescherelle rejette les substantifs féminins « par la raison que ces mots ont été inventés que pour les hommes qui exercent ces professions ».
Pour tous le progrès scientifique que le siècle des Lumières a apporté, il est impensable de nier comme il a aussi impulsé la détérioration de la condition féminine.
Pourquoi un langage inclusif ?
À mon avis, la question qui se pose est plutôt pourquoi pas ? La langue a été masculinisée à une période où la situation des femmes s’est trouvée dégradée, si nous voulons trouver un équilibre, et être une société plus égalitaire, c’est naturel de commencer par les mots employés. En plus de cela, il est primordial de nommer et faire de la place pour toustes (cadeau de nos ami·es belges). Il est temps que chacun puisse mettre des mots qui soient en concordance avec sa vie.

Écriture inclusive : comment ?
Dans son livre Le Langage Inclusif : pourquoi, comment Éliane Viennot donne toutes les clés pour nous aiguiller. En voici quelques-unes faciles à intégrer :
- Utiliser les substantifs féminins de personne qui ont existés et qui existent : agente, ambassadrice, avocate, chercheuse, chirurgienne, colonelle, entraîneuse, médecine, soldate,…
- La double flexion, vous savez le fameux « Françaises, Français », mais aussi des termes collectifs ou de fonction, au lieu de parler des agriculteurs, on pourrait parler du corps agricole, ou de la paysannerie.
- Les néologismes, mots nouveaux, créés il y a peu, comme quoi ? Comme iel·les, ciel·les (il est beau celui-là, non ?), celleux,… pour instaurer un véritable neutre qui a longtemps manqué à notre langue, et faire de la place pour les personnes non-binaires.
- Restaurer l’accord de proximité.
- Arrêter de parler de l’homme pour dire l’être humain. La majuscule n’est venue que très tard, et si on regarde la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, c’est bien les hommes qu’elle concerne, pas les femmes.
- Le point médian « · » qui n’a aucune utilisation dans la langue française. Pas de panique, Alt + 0183 pour l’intégrer dans cet article, et dans les documents Word !
Le mot de la fin
Aujourd’hui, la langue française se fait majoritairement au masculin, et dans un monde où chacun mérite sa place, il est naturel de commencer par là pour changer les choses.
La question, ce qui freine la plupart des personnes, est la compréhension des textes en écriture inclusive. Le but de cette écriture, est qu’elle représente tout le monde, alors ça peut faire chargé dans certaines phrases et rendre le livre incompréhensible. Tout dépend, bien entendu de l’écrivain, mais comme certains textes en écriture « traditionnelle » sont imbuvables, on peut considérer que la plume de quelqu’un de compétent peut manipuler l’écriture inclusive est la rendre plus que limpide.
Il est indéniable que pour faire évoluer les mentalités, le langage est le meilleur média pour commencer.
Sources :
Les Grandes Oubliées – Pourquoi l’Histoire a effacé les femmes, Titiou Lecoq, 2021
Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin, Éliane Viennot, 2014
Le Langage inclusif : Pourquoi, comment, Éliane Viennot, 2018
@morgan.noam sur Instagram
De la violence coloniale dans l’espace public, Françoise Vergès, Seumboy Vrainom:€, 2021
Corps, Amour, Sexualité y a pas d’âge pour se poser des questions ! Charline Vermont, 2023