Trouver son·a méchant·e

Dans tous les récits de fiction, d’une façon ou d’une, on trouve un·e antagoniste. Tout simplement parce qu’iel crée du conflit.

Son intérêt est qu’iel pousse le héro ou l’héroïne hors de sa zone de confort. Iel l’invite à remettre en question ses croyances, iel challenge son identité, la base même de sa personnalité. Un·e antagoniste bouleverse l’ordre des choses ou motive le·a protagoniste à le changer.

Alors, c’est quoi un antagoniste ? Tant qu’iel se confronte au·x protagoniste·s, iel peut être… presque tout.

Une idée

C’est-à-dire quelque chose d’inanimé, d’intangible, qui entrave le chemin du ou de la protagoniste.
Le code moral de Jane Eyre, l’anorexie de Thelma (dans le roman éponyme de Caroline Bouffault) par exemple.

Un personnage physique

Plus ou moins mauvais, iel se propose comme objet physique à combattre pour parvenir la victoire.
Comme Sauron dans Le Seigneur des Anneaux, la Sorcière des Steppes dans Le Château de Hurle (Diana Wynne Jones).

Un seul ?

Souvent, il y a plusieurs antagonistes, plus ou moins importants, plus ou moins voyants.
Je plonge dans Star Wars : fascisme, religion, oppression, privilège, arrogance. Darth Vader, Palpatine.

Un antagoniste-idée n’est pas nécessairement réfléchi, trouvé et nommé. Parfois, il se cache entre les lignes, dans les petits combats qui ne ressemblent pas à des combats. L’âge adulte, pour le Voleur d’ombres de Marc Levy expose bien cette notion.

Un antagoniste-personnage demande plus de réflexion si l’écrivain·e souhaite créer un lien avec le·a lecteur·ice. Plus le·a méchant·e est travaillé·e, complexe, plus le·a lecteur·ice lui associe un caractère humain. Bien sûr le·a voir à travers le regard du héro ou de l’héroïne permet aussi de le·a voir à travers son biais.

Plus concrètement, s’il s’agit d’un personnage, ça veut dire qu’il faut penser plusieurs points de sa vie.

Son histoire : façonner son passé, son vécu, pour comprendre d’où iel vient.

Ses revendications : pourquoi fait-iel cela ? Un code moral ? Une vocation ? Une personne ?
Même si parfois, il n’y a aucune raison, c’est le chaos, la vilenie à l’état pur.

Ses relations : pas seulement avec le·a protagoniste, mais avec les autres. Ses pairs, ses ennemis, les créatures, les inconnus. L’entourage d’une personne est une excellente façon d’apprendre à la connaître.

En bref, on peut construire un antagoniste comme on construit une·e héro·ïne.

Ce personnage, cette entité, peut-être aussi complexe que vous le souhaitez. Vous pouvez lui créer plus de personnalité que n’importe quel autre individu de fiction, vous pouvez lui en créer moins. Il y a de fortes chances que l’histoire que vous lui trouvez ne figure même pas dans le récit principal. Faites quand même ce travail, pour vous. Pour apprendre à le connaître, pour le comprendre et que ses comportements soient en accord avec sa personnalité.

Et surtout rappelez-vous le plus important : Iel doit secouer le·a protagoniste !