Week-end écriture : ça part d’une idée

Et ensuite ?

Ce week-end j’ai eu la chance d’aider un proche dans son projet d’écriture. Il avait une idée mais avait du mal à aller plus loin. L’article de cette semaine va donc suivre ce que nous avons fait durant ces deux jours (surtout ce qu’il a fait) afin de vous aider vous aussi à savoir par quoi commencer. C’est que débroussailler une idée pour en faire un roman, ce n’est pas toujours facile… alors c’est parti !

Étape 1 : État-des-lieux. Il s’avère qu’il avait déjà écrit des choses par-ci, par-là. Nous avons donc commencé par récupérer toutes les feuilles, tous les carnets contenant des bouts de cette idée, et nous les avons organisés en quatre catégories avec des marque-pages fins collants. Intrigue, worldbuilding, recherche, et scènes. Le but de cette phase est d’avoir une idée de la matière première disponible pour pouvoir avancer en étant optimal. Il avait ainsi quelques scènes écrites autour du worldbuilding, des recherches sur les thèmes de son idée, avec des listes de péripéties et de personnages. Le but est de repérer et d’organiser. Mettre de l’ordre dans les écrits permet de mettre de l’ordre dans la tête. De plus, cette phase permet aussi de replonger dans l’idée, dans cet univers spécifique qui n’attend qu’à être créé.

Étape 2 : Personnages. N’ayant pas encore de structure en tête, ni d’idée précise du plan du récit, nous avons commencé par les protagonistes. L’un après l’autre, nous avons discuté en profondeur d’où ils commencent, dans quel état ils sont, comment ils se sentent, et où est-ce qu’ils finissent. Les changements qu’ils ont pu subir, les évolutions qu’ont suivi leurs personnalités. Une fois le début et la fin de leurs arcs déterminés, et en discutant plus de l’univers, il a pu trouver des péripéties, des événements majeurs et importants dans l’histoire de chacun. Leurs motivations, leurs peurs, leurs désirs. Ceci a débouché sur l’élaboration de fiches personnages, et pas seulement pour les protagonistes, mais aussi pour tous ceux qui les entourent. Rappelons-le, les personnages secondaires ne savent pas qu’ils sont secondaires ! Pour ces fiches, il a mené des interviews, a noté leurs peurs, leurs devises, leurs personnalités. Il est possible aussi de rédiger une biographie, ou bien de leur poser des questions profondes (leur vision du monde) ou bien très superficielles pour les connaître sous un autre angle (La chose la plus étrange qu’iel a mangé). Sans oublier les caractéristiques physiques si vous en avez en tête.

Étape 3 : Écriture brute. Mon proche n’ayant pas encore d’idée claire quant au déroulement concret des événements s’est mis à écrire une scène spécifique et importante du chemin d’un des protagonistes. Au terme de cette séance d’écriture, il a pu décider d’un tournant particulier de l’intrigue. Cette étape se fait en fonction de la créativité, et de la sensibilité du moment de l’écrivain·e. Quand les idées concrètes manquent, il est bon de coucher sur papier ce qui nous passe par la tête, non seulement ça allège l’esprit, mais ça fait avancer le projet, et comme c’était le cas pour lui, ça peut débloquer l’histoire et donner encore plus d’idées. L’important ici est bien de comprendre que ce sont des esquisses. La première version des scènes, le premier jet, est rarement celui que nous gardons. Il s’agit d’écrire la matière première, vous la retoucherez plus tard, ne vous en souciez pas maintenant. Bonne ou pas, la question ne se pose pas. Vous écrivez, c’est déjà un énorme succès !

Étape bonus : Procrastination. Pas vraiment bonus, et souvent inévitable, la procrastination fait partie de notre lot à tous. Nous n’allons pas plonger dans les raisons de cette procrastination, mais je vais vous donner des idées pour la rendre… productive. Pour faire bref, c’est quand vous voulez écrire ou avancer sur votre projet, mais que vous n’avez pas envie d’écrire. Ça nous arrive à tous, pas de panique ! Alors voici quelques conseils : faites une playlist, un moodboard, assimilez du contenu qui aborde vos thèmes.

Playlist : Mettez-vous dans l’ambiance de votre livre. Dans le genre science-fiction spatiale, cherchez des musiques d’écriture de science-fiction (souvent bandes originales signées Hans Zimmer, on aime). Vous écrivez une romance de Noël ? Pas de souci, un mix de fêtes de fin d’année avec de la pop romantique.

Moodboard : Littéralement traduit tableau d’humeur. Ça consiste à trouver des images qui conviennent à l’esthétique de votre univers. Des constellations, des planètes lointaines, des vaisseaux étranges, pour la science-fiction spatiale. Un marché de Noël, un couple sous des guirlandes lumineuses, un repas de famille, pour la romance de Noël. L’intérêt est qu’en voyant ces images, le monde imaginé prend vie.

Assimiler du contenu : Aujourd’hui, les idées originales sont rares. Bonne nouvelle : on s’en fout. L’important ce n’est pas l’originalité de l’idée, c’est qu’elle traduit notre perception du monde, et ça, c’est unique. Nous avons beau être des milliards sur cette terre, personne n’habite le monde de la même façon. C’est normal de s’inspirer, de s’améliorer grâce à des travaux. Alors, lisez, regardez films et séries qui traitent des thèmes de votre livre. Pour vous mettre dans l’ambiance, pour avoir d’autres angles d’attaque, pour trouver ce que vous voulez transmettre. S’il y a des points sur lesquels vous voulez insister parce qu’ils n’ont pas été abordés selon vos goûts, ou bien s’il y en a d’autres qui au contraire vous rebutent. Alors lisez, regardez, écoutez. L’inspiration ne vient pas seule.

Ce qu’il faut retenir, c’est que le simple fait d’écrire est une merveille en soi. L’écriture est un cadeau, elle permet de traduire le monde, de le comprendre. Elle permet de mettre de l’ordre dans sa tête, et de la vider. Plaire aux autres n’est pas une question qui se pose à cette étape de l’écriture, ni à la suivante. Elle se posera peut-être à l’envoi d’un manuscrit à une maison d’édition, mais certainement pas avant. Ce qui se passe dans votre tête et qui a besoin d’en sortir, c’est une partie de vous, et vous avez tout à fait le droit de la partager. Alors à vos stylos, à vos claviers. Trois, deux un… Écrivez !